Compromis efficace entre une aviation civile et une aviation militaire, des appareils et leurs pilotes bravent chaque année les flammes menaçantes et les vents contraires pour sauvegarder le patrimoine forestier méditerranéen en danger.
L’expérience est née dans la décennie 1960 lorsque le Service national de la Protection civile entreprit une étude sur l’utilisation de « bombardiers d’eau », le Canada et ses avions spécialisés servant de modèles. Deux exemplaires de Canso PBY-5A, la version nationale du célèbre hydravion américain bimoteur Catalina furent achetés outre-Atlantique et accueillis un temps sur l’ancienne Base aéronavale de Berre. Après leur installation à Marignane en 1963, la flottille se grossit de deux autres Canso surnommés à leur tour « Pélicans ».
En 1966, les engins volants migrèrent aux abords des usines Sud-Aviation. Aux Canso, succédèrent à partir de 1969 les Canadair CL-215 à la capacité de largage de 5 135 litres, qui forgèrent mieux encore la réputation combattante des équipages. Le besoin de déverser des quantités toujours plus grandes d’eau avec efficacité et des produits ignifugeant la végétation entraîna la reconversion parfois éphémère d’hélicoptères et d’avions de transport en engins anti-incendies.
Le succès revint aux Douglas DC-6, quadrimoteurs monoplans emportant chacun 12 000 litres, précieux auxiliaires des amphibies. Avec trois Douglas et douze Canadair, la Base de Marignane regroupa la première flotte en importance de l’Europe pour lutter contre les feux de forêts. Vint ensuite l’époque des Fire Cats, des bimoteurs Grumman Tracker spécialement aménagés avec l’adjonction d’une soute de 3 300 litres. Une nouvelle génération de Canadair apparut sur l’étang de Berre avec les CL-415 à turbopropulseurs. Un avion à fuselage longiligne, le biturbopropulseur Dash 8 capable d’emporter dix tonnes de retardant, vint compléter en 2005 cette pacifique armée des airs.
Les Canadair, Tracker, Beechcraft et autres, toujours prêts à livrer des combats sans merci aux feux, montèrent la garde à Marignane… jusqu’à ce qu’ils soient obligés de quitter celle qui avait été leur base-mère durant plus de 50 ans pour gagner de nouvelles installations à Nîmes-Garons, le dernier à s’envoler ayant été le Beech 2000, indicatif Bengale 98, le 30 mars 2017.
Afin d’en savoir plus, lire :
– Boulanger Patrick & Kérével Tiennick, Ciels de Provence – Histoire de l’aviation de 1910 à nos jours, Impressions du Sud, Equinoxe, 2010, 136 pages
– Marsaly Frédéric, Les Bombardiers d’eau, Marines éditions, 2007, 95 pages