Après que des études aient montré les difficultés d’ouverture d’un site dédié aux hydravions dans la commune de Marseille, les projets se portèrent sur Marignane à 25 km au Nord-Ouest.

Il y avait là sur les rives de l’étang de Berre, depuis 1920, une base de dirigeables de la Marine nationale jouxtant une plaine agricole dégagée, avec des pâturages pour moutons et des marais salants.

La première ligne commerciale passant sur ce terrain militaire, lancée par la Compagnie aérienne française, allait de Cannes à Nîmes ; elle dut s’arrêter l’année suivante. Celle de Georges Latécoère initia à l’automne 1921 une liaison Marignane-Perpignan- Barcelone, puis Casablanca. Elle fut relayée par Air Union lançant Antibes-Ajaccio et Marseille.

Les installations rudimentaires au sol (aire, hangars, ateliers, bâtiments administratifs) ne correspondaient pas aux conditions nécessaires à l’accueil d’un trafic commercial accru par les rotations des appareils mis au point durant la Grande Guerre.

La véritable ouverture du « Port aérien Marignane » eut donc lieu après que la Marine nationale ait décidé le transfert de ses grands ballons dans le Var et l’achat de terrains de l’autre côté de l’étang de Berre pour ses futurs hydravions. Le ministère de l’Air prit alors possession du petit aérodrome, le confiant à la direction de l’Aéronautique civile. Ledit « Aéro-Port de Marseille-Marignane » fut inauguré le 29 octobre 1922, le secrétaire d’Etat Laurent Eynac y découvrant « un terrain d’aviation aménagé avec tous les derniers perfectionnements, ce qui lui permettrait de devenir le point par où pénétreraient dans la France les grandes lignes de la Méditerranée… » Il ne se trompait pas ! Les premières statistiques conservées mentionnent 413 avions et 57 passagers : de bien modestes débuts, mais prometteurs !

La Chambre de Commerce de Marseille se préoccupa d’y favoriser les implantations nécessaires à l’essor d’un centre d’hydro-aviation. En 1925, la ligne Paris-Lyon d’Air Union fut prolongée jusqu’à Marignane. Latécoère, devenue en 1927 la Compagnie générale aéropostale, entra dans la légende en reliant mieux encore la France aux continents africain et américain. De toutes les compagnies qui touchaient Marignane, l’« Aéropostale » était celle dont le réseau était le plus étendu ; elle avait le privilège d’exploiter sur le parcours Marignane-Buenos Ayres-Santiago du Chili la ligne aérienne la plus longue du monde.

L’aérodrome relié à Paris, bientôt à Dakar et Tunis par hydravions, apparaissait comme un élément essentiel pour la mise en place de transports rapides entre la France, ses territoires d’outre-mer et l’Europe : 10 011 passagers et 5 612 avions furent comptabilisés en 1932.